Souvenirs de Bretagne avec Tanguy Le Vourc'h
Publié le 5 Avril 2012
Je ne me souviens pas de ma première rencontre avec Tanguy. Il a probablement dû m’être présenté comme le fils de Jean-Yves Le Vourc'h, le géant breton qui était 6ème dan à l'époque. Un peu comme on me présente encore parfois comme le frère de Léo.
C’est une rencontre fortuite de seconds couteaux qui n’aurait jamais eu lieu sans Tamura Sensei et ses stages auxquels nous assistions lui, avec son père et moi, avec mon frère. Pas ceux de week-end où chacun file le soir rejoindre son groupe d’Aïkidokas enragés ayant traversé la France pour y assister mais celui de Lesneven qui dure toute une semaine et dont le soleil frais ne sape pas l’énergie des stagiaires et leur permet de prendre le temps de faire connaissance.
Au fil des années, nous avons partagé de plus en plus de bières ensemble et nous avons même une fois partagé un fût laissé sans surveillance en compagnie de nos amis écossais lors d’une fête consécutive aux examens Aïkikaï.
Lors des examens de grade Aïkikaï devant le regard acéré de Maître Tamura, il fallait en réalité faire deux examens entiers avec le même partenaire en tant que Tori et en tant que Uke. Le tout évidemment sans pause. Cela durait généralement une demi-heure.
Mais bien souvent, les partenaires ne se connaissant pas et la longueur de l’épreuve faisaient que ces examens se déroulaient malheureusement trop souvent en demi-teinte.
Nous avons eu la chance de pouvoir faire notre examen de 3ème dan Aïkikaï ensemble et comme nous avions déjà à l’époque des directions de travail similaires, nous avons pu nous exprimer pleinement et sans concession.
Ce fut difficile car Tanguy est petit –et c’est un avantage-, rapide, souple, endurant et précis. Ce fut pour moi un réel plaisir.
Le souvenir de cet examen restera toujours dans ma mémoire celui qui m’a le plus épuisé mais aussi celui qui m’a le plus réjoui.
Lors de mon Shodan Aïkikaï, dans l’ancien dojo de Lesneven, il y avait une verrière et un soleil de plomb. L’examen fut épuisant mais heureusement, mon partenaire plus âgé l’était plus que moi. Lorsqu’à la fin de l’examen je demandais à Tamura Senseï ce qu’il fallait que je fasse pour améliorer mon Aïkido, il m’avait répondu l’œil brillant qu’il fallait que je travaille plus.
Lors de mon Nidan Aïkikaï, à Paris cette fois, il avait eu pour moi un regard sombre et c’est à mon frère qu’il avait dit que le travail que j’avais présenté n’était pas bon.
Après avoir travaillé avec Tanguy, lorsque je lui demandais ce qui n’allait pas dans mon travail, il me répondit sans me regarder que c’était bien.
Je n’aurai malheureusement plus l’occasion de lui demander ce qui ne va pas dans mon travail. Je n’aurai plus non plus le plaisir de devoir interpréter ses réponses et ses regards. Je ne crois pas non plus que je passerai d’examen de Yodan Aïkikaï.
A moins que cela ne soit avec Tanguy.