Sueur, labeur et stupides regrets
Publié le 16 Mars 2013
Les raisons de pratiquer les arts martiaux sont aussi nombreuses que le nombre de pratiquants lui-même. Et si les raisons de débuter la pratique sont souvent contestables, les raisons pour lesquelles on poursuit la pratique sont souvent meilleures.
De même, chacun est bien souvent très heureux d’avoir pu trouver le bon professeur dans le bon dojo. Etrangement, le bon professeur et le bon dojo sont généralement surtout bien situés, c.-à-d. près de chez soi ou de son lieu de travail. La question se pose alors : a-t-on vraiment eu la chance de tomber sur la perle rare ou alors nos choix ne sont-ils pas bien plus le résultat du hasard ? Chacun aura sa propre réponse à fournir mais en réalité, rares sont les pratiquants à effectuer plus de quelques kilomètres ou quelques stations pour se rendre à l’entraînement.
Je me souviens bien à Tokyo avoir dû me rendre en train jusqu’à Omiya pour aller aux cours de Kuroda Sensei. Si le trajet ne durait qu’1h, Léo a fait le calcul de combien cela lui coûtait pour une année d’entraînement: près de 2000€ pour le trajet aller-retour. Pour ceux qui connaissent les tarifs des trains japonais, ce ne sera pas une surprise, mais c’est le prix à payer entre autres, pour n’avoir jamais à subir une seule grève ou un seul retard de l’année. Le voyage pour aller chez Hino Sensei quand à lui dure près de 4h si vous venez de Tokyo, 2h30 si vous venez d’Osaka pour parvenir à Tanabe puis, 2h de bus de montagne nécessaires afin d’arriver dans sa maison dojo. Quand à l’Aïkikaï, si il suffit de régler environs 100€ chaque mois pour avoir accès aux cours, bien rares étaient les moins de 40 ans à assister aux cours de 6h30 le matin.
Les contraintes et priorités de chacun se situent à des niveaux différents et il ne s’agit pas là de faire le décompte des heures ou de récapituler le nombre de dojos visités. En revanche, j’ai déjà vu des personnes ronger leur frein car elles n’avaient pas la possibilité de s’entraîner plus d’une fois par semaine. Mais quand elles le pouvaient, elles avaient les yeux grands ouverts et n’en perdaient pas une miette, même après avoir fait une croix sur une grasse matinée bien méritée.
Dans la pratique martiale, de petits efforts n’amènent que peu ou pas de progrès. Pour les plus stupides d’entre nous, de grands efforts n’apporteront jamais que peu ou pas de satisfactions, beaucoup de doutes, de sueur, de sacrifices, de fatigue et de déceptions durant leur parcours. Avec au final, peut-être peu de progrès, mais certainement aucun regret.