Glace, shoshin et chutes

Publié le 14 Mars 2016

Il y a quelques jours, j’ai accompagné la classe de mon fils à la patinoire. Mis à part la natation ou le base jump qui, en cas d’échec sont sans appel et tuent l’incapable, je ne connais pas de discipline qui soit plus ingrate pour un novice. La glace est froide, dure, se dérobe sous vos pieds et surtout, n’offre aucun répit.

En quarante-cinq minutes, je ne sais pas combien de chutes j’ai pu voir, encore moins combien se sont produites. Si je compte avec une grande louche: 25 élèves X 45 minutes X 1 chute par minute = un minimum de 1125 chutes. Un grand minimum car je crois que la moyenne devait plutôt être entre 10 et 15 secondes de station debout pour beaucoup (entre 4500 et 6750 chutes), voire beaucoup moins pour certains. Personnellement, ne serait-ce que 20 chutes involontaires sur de la glace me suffiraient.

Les moniteurs ne pouvaient pas faire grand chose à part donner quelques exercices et consignes simples puisque de toutes façons, seule une petite poignée était capable de traverser la patinoire sans tomber et que le reste passait son temps les fesses sur la glace. Sans un minimum de répétition et donc d’échec, il n’est de toutes façons pas possible d’apprendre quoi que ce soit. Il y avait bien quelques fanfarons durant le trajet mais on ne les entendait plus une fois sur la glace. L’avantage avec la glace étant qu’il est impossible de tromper qui que ce soit, aucun subterfuge n’est possible. Il faut s’y confronter ou demeurer incapable de patiner le reste de sa vie. Et il faut souffrir pour cela.


Fabio Bettini & Rubin Carter (AFP)

Fabio Bettini & Rubin Carter (AFP)

Bien sûr, il y a eu quelques chutes plus dures que d’autres, quelques larmes. Un seul a eu une velléité de s’arrêter puis d’aller aux toilettes mais vu qu’il fallait retraverser dans l’autre sens pour y parvenir est retourné sur la glace. Sur les 25 présents, 4 avaient plus ou moins déjà patiné en dehors et sont très peu tombés. Suivait ensuite un peloton étiré d’une quinzaine d’élèves qui parvenait tant bien que mal à parcourir de la distance avec des chutes régulières, mais ensuite pour les derniers, c’était catastrophique. Avec les autres parents, nous voyions tous la même chose. Au début personne ne disait rien de peur de vexer quelqu’un mais moins de 10 minutes après le début du cours, nous étions tous à la fois morts de rire et morts de froid, un café à la main. Imaginez une cour de récréation remplie d’enfants qui tombent sans arrêt... impossible de faire autrement.

Le plus extraordinaire étant qu’à peine tombés, ils tentaient tous de se relever. Avec plus ou moins de succès mais sans se plaindre, inlassablement. Essayant parfois de s’entraider lorsque l’occasion se présentait. J’ai le souvenir d’un pauvre garçon qui n’a pas pu passer un seul moment debout durant toute la leçon sans se plaindre une seule fois. Et lorsqu’à la fin dans le vestiaire, nous leur avons enlevé leurs casques (heureusement qu’ils avaient tous des casques), ils avaient tous le visage tiré de fatigue, certainement mal partout, mais le sourire aux lèvres. On y retourne la semaine prochaine...

Glace, shoshin et chutes

Rédigé par Issei Tamaki

Publié dans #Aïkido et Budo, #Divers

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