Etiquette et Curry, impitoyables miroirs de l'âme…
Publié le 26 Mars 2013
On dit que les voyages forment la jeunesse, je pense que c’est sûrement vrai. Mais aujourd’hui les moins jeunes voyagent aussi. Alors les retraités n’ont-ils plus rien à apprendre des voyages ? Que pourrait-on dire… Ca doit dépendre de si ils retournent là où ils sont déjà allés…
Lorsque je suis rentré d’un séjour d’une année au Japon, il y a plus de dix ans, ma famille et mes amis m’ont accueilli chaleureusement. Et comme à l’accoutumée, ma mère avait préparé un repas. Je me souviens très clairement avoir été incapable de dévorer ces délicieux plats qui faisaient mon bonheur passé. Et pourtant, ma mère ne cuisinait pas plus mal qu’auparavant. Mais après une année de cuisine japonaise, en nature comme en quantité, j’ai en quelque sorte souffert de jet - lag culinaire.
Curry indien
C’est pourquoi maintenant je comprends beaucoup mieux les touristes qui parfois vont se restaurer dans des restaurants de leur pays. La cuisine française est sans aucun doute merveilleuse mais je crois qu’il suffit de se souvenir de tous ces touristes occidentaux incapables de manger un curry indien ou les plats thaïlandais pour les locaux sans finir aux urgences. Alors aussi, c’est avec une grande compréhension que je me souviens avoir mangé français dans des pays étrangers. Il faut bien entendu s’adapter au palais autochtone mais surtout à ses intestins.
Alors bien sûr, ce n’est pas en passant dix jours en Inde, que je pourrai manger leur curry sans frémir mais bien plutôt en dix mois, voire dix ans. Et probablement, la cuisine étrangère doit être la facette la plus facile à assimiler d’une culture étrangère. La tête aussi bien que le corps a ses réticences mais le corps, lui parle d’une voix bien plus claire que l’esprit. Je me souviens avoir compris plusieurs années après les avoir commis mes impairs involontaires au Japon. Il ne suffit pas d’avoir une connaissance littérale parfaite de la langue d’un pays pour en apprécier toutes les subtilités culturelles. Au contraire, cela peut créer l’illusion d’une parfaite compréhension d’un peuple et devenir une source de malentendus alors que la difficulté de communication oblige à faire des efforts de politesse, de délicatesse et d’introspection.
Curry Thaïlandais
Je ne crois pas qu’il faille attendre de se retrouver dans une situation inconfortable pour commencer à étudier un problème. Les arts martiaux ne nous enseignent pas simplement que pouvoir marcher est aussi souvent pouvoir exécuter une technique, ils nous enseignent que nous avons cessé d’étudier la marche à son stade le plus rudimentaire, avant l’école maternelle. Ainsi, pour être le moins possible pris en défaut, il suffit de ne pas cesser de chercher à s’améliorer.
Maître Kuroda a dit un jour que les personnes à l’étiquette la plus parfaite étaient les personnes les plus à craindre. Si je comprends bien la signification de cette phrase, c’est que les personnes les plus efficaces sont celles qui font le moins d’erreurs. Mais que pratiquant les arts martiaux, nous ne nous devons pas simplement être exempts d’ouvertures à un moment donné, mais en toutes circonstances, au dojo, à table, à la maison ou… à l’étranger.
Curry japonais
Maintenant que j’ai deux garçons à faire grandir, je ne comprends que trop bien qu’il n’y ait pas besoin d’être loin de chez soi pour travailler. Car rien de ce qu’ils n’apprennent jusqu’à un certain âge ne vient que de leurs parents. Le bon comme le mauvais. En tant que père, en tant que professeur, rien n’est plus difficile car chaque erreur sera invariablement reproduite. Et finalement, si il est possible le temps d’un cours ou d’un stage de donner le meilleur de soi-même, avec ses propres enfants, il n’y a pas de répit. Il faut être de nuit comme de jour exemplaire afin qu’ils ne retiennent que le bon et deviennent ainsi meilleurs que nous-mêmes et nous avec eux.
Bien entendu, il faut aussi leur donner une alimentation équilibrée et variée…