Musashi, passager clandestin & transfert de compétences…
Publié le 3 Octobre 2012
Miyamoto Musashi écrit au début du Traité des Cinq Roues : "J’ai appliqué les principes de la tactique (dans le sens de technique, voie martiale) à tous les domaines des arts. En conséquence, dans aucun domaine je n’ai de maître.".
Pour ma part, parce que l’Aïkido est ce que je sais faire de mieux, j’essaie d’en appliquer les principes dans chacun des gestes de ma journée. Certaines choses qui me paraissaient si évidentes au Dojo me semblaient donc tout à fait intégrées.
Placer le regard, prendre conscience de son environnement, savoir s’adapter, relâcher les épaules, poser les mains légèrement… toutes ces choses que je pourrais dire sur un tatami, je les ai pourtant entendues de la part de mon instructeur de conduite.
Je n’ai jamais été passionné de mécanique, de musique ou de sport. Ni scooter, ni concert, ni match ou compétition, rien de tout cela. Pas vraiment un adolescent sage, pas vraiment autiste non plus mais plutôt monohobbique. Artiste aussi, la preuve, je viens d’inventer un mot.
Depuis mon initiation à Bruce Lee par mon frère Léo vers 6 ans, je n’ai presque plus eu d’autre activité que la pratique des arts martiaux. Alors, aborder la conduite, ça n’allait pas de soi. Ayant toujours habité une grande ville, je n’avais jamais ressenti la nécessité d’apprendre à conduire un véhicule, d’autant plus que lorsque c’est vraiment utile, il ne faut ni avoir bu, ni être fatigué, deux inconvénients majeurs lorsque l’on souhaite dédier sa vie à la pratique martiale. Ma femme a dû attendre trois ans et deux petits garçons avant que je ne cesse d’être un piéton. Pas que je change d’avis sur la question, heureusement.
Alors, les points sur lesquels j’insiste pendant les cours sont-ils mes propres défauts que j’essaie d’effacer ou bien suis-je incapable d’appliquer les qualités que j’ai pu développer en Aïkido dans la vie quotidienne ? Probablement les deux.
Je me suis donc retrouvé à la place de l’élève dans un environnement tout à fait étranger et je crois avoir dû passer par toutes les étapes, de débutant à celui de légalement autorisé à rouler seul, sans pouvoir profiter d’aucun raccourcis. A moins que cela n’eût été bien pire sans tous ces entraînements, à moins que je ne sois pas parti de rien mais de moins que rien en conduite, à moins que je ne sois pas simplement monohobbique mais plutôt monotâche, à moins que… à moins que je n’arrête de saluer le Kamiza en sortant du tatami, de cette façon, je ne serai jamais vraiment sorti du Dojo et je ne cesserai jamais d’être dans mon univers… ;D !
Est-ce donc cela être un Maître ? Ne plus avoir à saluer ? Toujours être au maximum de ses capacités bien sûr, mais dans tous les domaines ? En attendant de devenir un agent 00, une chose est sûre, je n’ai pas encore atteint un niveau suffisamment élevé en Aïkido pour que mes compétences soient instantanément transposables à un autre domaine d’activité pratique, ou inversement. Et je crois aussi que l’on progresse peu dans des domaines qui nous intéressent peu.
Me voilà maintenant apte à rouler à 110km/h sur autoroute. Je vais déjà cesser d’être une charge inutile à bord d’un véhicule avant de cesser d’être un apprenti conducteur. J’espère simplement faire le moins d’erreurs possible le temps d’avoir un peu d’expérience.
Un grand merci à mes instructeurs dont j’ai pu mesurer aussi bien les compétences que le style d’enseignement. Il semble que j’ai du être un élève particulièrement difficile, puisqu’ils ont dû s’y mettre à plusieurs pour corriger les mêmes problèmes. Il semble aussi qu’ils y soient parvenus…