Repos, crépuscule et nouveaux horizons
Publié le 30 Décembre 2014
Je ne sais pas depuis combien d'années nous faisons cours à Herblay sans interruption excepté au mois d'août. Cette année pourtant, le dojo était fermé durant les vacances, excepté hier soir.
Il va de soi que les périodes de repos sont essentielles mais se reposer ne signifie pas pour autant être inactif. Ne rien faire est une des directions de travail de la méditation mais en aucun cas il n'est synonyme de végéter.
Même s'il m'est parfois arrivé de renoncer à la pratique pour mieux y revenir par la suite, je n'ai jamais envisagé de ne pas pratiquer pendant les vacances, surtout si comme en France, elles durent plus de trois mois et rognent un tiers de l'année. Un musicien cesse-t-il jamais de jouer un tiers de l'année, un peintre de peindre, un écrivain d'écrire, un danseur de danser ou un cuisinier de cuisiner? Connaît-on un seul expert qui ne pratiquerait son art que les jours ouvrés?
Je pratique toujours tout au long de l'année, quelles que soient les conditions. Souvent seul, parfois sans keikogi, sans tatami, voire même avec l'espace d'une seule chaise pour bouger et beaucoup de bruit et d'agitation autour. Cette fois, ce fut très confortable, ce ne fut simplement pas au dojo :-)!
Jodan mawashi geri
Et pendant cette période paisible de fêtes en famille, j'ai côtoyé pendant quelques temps les nièces de ma femme ainsi qu'une amie de la famille centenaire.
J'ai eu la chance étant enfant de rencontrer mon arrière-grand-mère. Je n'en garde que quelques images. Cette femme entr'aperçue au crépuscule de sa vie me laissera un souvenir plus vivace.
Les nièces jouaient bien sûr avec leurs cousins mais répétaient aussi quotidiennement. C'est ainsi que j'ai pu voir une jeune fille de douze ans apprentie danseuse disposant d'une aisance corporelle que je n'aurai jamais.
Je me suis vilement consolé avec l'assurance de pouvoir terrasser n'importe quel adolescent d'un seul doigt. Puis passé le moment de désespoir et le miroir qui m'avait subitement transformé en grossière personne, je me suis félicité d'avoir la chance de connaître quelqu'un de si jeune animé par sa discipline et de ne pas pouvoir entrevoir toutes les possibilités lui étant ouvertes.
J'ai commencé à pratiquer très jeune aussi et je sais qu'avoir des dispositions ne suffit pas. Que seul le regard fixé vers l'habileté des plus grands maîtres et l'élan que nous insufflent les aînés permet de franchir successivement les étapes susceptibles de nous faire découvrir des horizons que nous ne pouvions soupçonner lorsque nous avons franchi pour la première fois l'odeur de sueur de la porte de la salle d'entraînement.
J'essaierai de me rappeler cela chaque fois que je franchirai à nouveau la porte du dojo avec l'assurance d'avoir fait tout mon possible pour découvrir de nouveaux horizons.
Bonnes fêtes a tous!