Vieux maîtres et légendes urbaines
Publié le 5 Février 2015
Il n’est pas rare lorsque l’on parle d’arts martiaux à des personnes totalement étrangères à la pratique qu’ils aient une image parfois déformée de ce que sont les arts martiaux.
On s’imagine qu’un maître d’arts martiaux est un sage, de préférence vieux et au regard perçant, probablement ascétique. Quand au pratiquant, l’adepte sur la bonne voie, jeune chevalier blanc athlétique et fougueux mais totalement dévoué à son maître. La discipline est un sacerdoce, les épreuves sont terribles et quotidiennes, frôlant souvent l’impossible pour le commun des mortels mais forgeant des hommes exceptionnels vivant pour le bien de l’humanité.
Mais à l’heure où ces maîtres de légende réels ou imaginaires vivaient, ils mangeaient de la cuisine asiatique parce qu’ils vivaient en Asie, ils méditaient car ils n’avaient pas plus de livres, ils avaient des disciples dévoués car vivre ou mourir pouvait dépendre de leur apprentissage, ils vivaient isolés car en temps de paix ils n’avaient pas d’emploi ou étaient recherchés, ils étaient ascétiques car ils mangeaient ce que la terre pouvait leur fournir, ils étaient expérimentés car ils avaient survécu assez longtemps pour en parler et ils étaient vieux car ils étaient vieux.
Maître Yoda
Les pires prétendants d’aujourd’hui ne sont parfois qu’une bande de types pas si costauds qui se malmènent et suent pendant deux heures, qui finissent par boire de la bière ensemble et parler aussi parfois pendant deux heures d’entraînement en mangeant avec des baguettes. Si l’écart est grand, il est surtout significatif et la réalité se trouve probablement entre ces deux extrêmes.
D’où vient donc ce décalage entre les mythes et monde d’aujourd’hui? Cela tient surtout au discours qui entoure les arts martiaux aujourd’hui. Comment justifier la pratique d’un art de combat dans un monde dit civilisé? C’est la richesse éducative apportée par la pratique de ces écoles de combat qui mise en avant, permet de pratiquer sans passer pour une brute de quartier. Cette formation physique et mentale vise à faire de celui qui pratique un homme équilibré et non pas un surhomme. Poussée à son extrême, cette éducation de l’homme tant physique que mentale permet en effet à quelques uns de sortir du lot et de dépasser la plupart des hommes, mais ce sont les hommes qui dépassent les autres hommes, pas les écoles.
Ueshiba Morihei